Parmi les grands pionniers, Edward Burnett Tylor et Franz Boas ne peuvent pas être complètement enfermés dans une école particulière. La culture, donc, non seulement transcende l'opposition entre nature et éducation, mais absorbe la singulière distinction européenne entre politique, religion, parenté et économie comme des domaines autonomes. Cette nouvelle discipline - la sociologie - étudierait les liens qui unissent les individus, non seulement en tant qu'individus, mais également en tant que membres d'associations, de groupes et d'institutions. enjeux de l'histoire de l'anthropologie thropologie, élargissant son corpus documentaire et renouvelant ses méthodes d'analyse, est devenue elle-même un domaine de spécialité historiographique. Cette ouverture de perspective est accompagnée par une diversification des sources utilisées par les historiens : Jean-Pierre Vernant et Vidal-Naquet, utilisent par exemple les mythes afin d’accéder à la signification certaines des structures et pratiques sociales des sociétés antiques, tentant de dépasser dans leurs interprétations ce qui est explicitement et consciemment exprimé dans ces sources. L'ouvrage collectif en trois tomes Histoire de la famille réalisé en 1986 par le groupe d'anthropologie historique française de l'EHESS[30] constitue un aboutissement notable des travaux de cette école, et a été salué pour le caractère inédit d'une telle synthèse qui aborde de nombreuses régions du monde[31]. Découvrez la collection de Livres sur les Sciences Humaines de votre Librairie en ligne Cultura.com - Astronomie, Pédagogie, Sciences Appliquées ou encore Sciences Politiques vous attendent dans la sélection de Livres sur les Sciences Humaines des Libraires de Cultura.com ainsi que nos Livres sur l'Ecologie et bien d'autres. Ce groupe participe à l’effort de diffusion de l’anthropologie historique, et cherche ainsi à resserrer les liens entre histoire et anthropologie. L'anthropologie physique, ou son synonyme plus moderne, l'anthropologie biologique, est l'étude de l'histoire naturelle de l'espèce humaine. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Cette inflexion structurale chez les historiens était déjà particulièrement remarquable dans les travaux de Jean-Pierre Vernant sur la Grèce antique à partir du début des années 1960. Il s’efforce aussi de prouver l’origine commune des Amérindiens et des Occidentaux et d’étayer ainsi le concept d’unité de l'humanité tiré de la Genèse (Adam et Ève, couple initial unique). Jean-Jacques Hémardinquer (éd. La dernière modification de cette page a été faite le 22 octobre 2020 à 14:39. Fernand Braudel répond à ce défi en 1958 : il oppose à Lévi-Strauss la notion de longue durée, et replace l’histoire au centre du langage théorique des sciences sociales[1]. Elle s'est ensuite développée au cours du XIX siècle en tant que science pour répondre aux observations faites sur la diversité physique et culturelle de l'espèce humaine. ), L'histoire aujourd'hui : nouveaux objets de recherche, courants et débats, le métier d'historien, Auxerre, Sciences Humaines, 2007, p. 397. C’est notamment le cas de Jacques Le Goff : son souci, affirme-t-il, « a toujours été de tendre vers une […] histoire pluridisciplinaire, avec des appels à l’économie, à la géographie et, en ce qui me concerne, à l’ethnologie et l’anthropologie »[2]. Enfin, toujours en lien avec le corps, l’histoire des habitudes vestimentaires se construit elle aussi depuis les années 1970-1980, bénéficiant des mêmes élargissements de perspective et de méthode au sein de la discipline historique. En présence. De Lévi-Strauss aux recherches anthropologiques et historiques récentes ». En 1989, Jacques Berlioz, Jacques Le Goff et Georges Duby, tous trois spécialistes du Moyen Age, constatent le renforcement de ces liens interdisciplinaires depuis la fin des années 1960. De nombreux travaux sur la transmission préciputaire de l'héritage s'attachent à faire le lien entre la famille souche décrite dans les Pyrénées ou en Allemagne par Le Play au XIXe siècle et le système à maison identifié par Lévi-Strauss selon une démarche structurale dans des endroits du globe et en des époques très diverses qui n'ont pu être en contact (Indiens Kwakiutl de Colombie-Britannique, Polynésie, maisons nobles dans l'Occident médiéval par exemple)[28]. « L’anthropologie historique n’a pas de domaine propre. Leurs cheveux sont noirs aussi et épais, mais de médiocre longueur[1]... » https://www.universalis.fr/encyclopedie/anthropologie-historique Plus que l'étude d'un type d'objet en particulier, l'anthropologie historique est une méthode, une démarche pour relier dans la longue durée l'évolution d'institutions, de coutumes ou de techniques à leur résonance collective en termes de comportements et de discours. Historien médiéviste et directeur d’études à l’EHESS, Étienne Anheim est élu responsable de l’Ahloma en février 2018 lors d’une assemblée générale de l’organisation[14]. Histoire De l'Anthropologie Appliquée. Elle s'éloigna des préjugés les plus tenaces en portant ses études sur la comparaison des systèmes de parenté (John Ferguson Mac Lennan, Johann Jakob Bachofen, Lewis Henry Morgan) et des religions (Edward Burnett Tylor, James George Frazer, Max Müller), en favorisant également le travail de terrain, notamment l'observation participante[15]. Ce document a été mis à jour le 18/03/2019 Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique, parfois ancien, conservé au sein du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres indisponibles du XXe siècle. Hérodote peut être considéré comme un précurseur de l'anthropologie. L'anthropologie historique est un approfondissement du programme des Annales, à l'intersection de ses différents programmes : histoire économique et sociale, histoire des mentalités et recherches interdisciplinaires. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Rousseau est considéré par Claude Lévi-Strauss comme le "père de l'ethnologie", le véritable "fondateur des sciences de l'homme"[6]. En bref. Au Moyen Âge, les récits de voyage restent l'une des sources d'informations principales. Elle était également liée à l'impérialismedes Eur… Si, en ethnologue, il n’a pas pu observer ces villageois directement, il mobilise des sources jusque-là peu exploitées à l'aide de méthodes innovantes afin de pallier cet écart chronologique. l’objet de l’anthropologie sociale, proche de la sociologie dès la naissance de celle-ci à la fin duXIXe siècle. ), Minard Philippe, Dakhlia Jocelyne, Gruzinski Serge. « Depuis près d'un demi-siècle, de Marc Bloch à Pierre Goubert, les meilleurs historiens français, systématiquement systématiseurs, ont fait du structuralisme en connaissance de cause, ou quelquefois sans le savoir, mais trop souvent sans que ça se sache »[7], Emmanuel Leroy Ladurie, 1973. Jean-Claude Ruano-Borbalan (dir. Les comportements alimentaires dans le passé sont étudiés depuis les années 1970 et surtout 1980 à l’aide de l’anthropologie et de l’ethnologie. Il s’agirait en d’autres termes d’une nouvelle étape sur le parcours prédateur de la pensée historique qui puise dans les autres sciences sociales depuis plus d’un siècle »[11], André Burguière, 1987. Certains savants donnèrent un nom à la dimension de l'action humaine dans laquelle ces problèmes sont les plus évidents, et au concept par lequel ils pourraient être résolus. Histoire et théories de l'anthropologie. Méthode d'enseignement. C'est à cette époque que les sciences sociales connurent leur émergence en tant que tentative de développer des méthodes scientifiques pour aborder les problèmes sociaux, et de fournir une base universelle de connaissances sociales. L’anthropologie historique est une branche à vocation interdisciplinaire de la recherche historique apparue durant la seconde moitié du XXe siècle, principalement en France, dans un contexte d'évolution historiographique lancée initialement par l’École des Annales, mais aussi au Royaume-Uni, aux États-Unis (en) ou encore en Allemagne (de). Dans cette perspective, il ne s'agit plus de poser arbitrairement une certaine idée de la rationalité scientifique à seule fin d'en évaluer les diverses réalisations passées. Louis Assier-Andrieux, « Le Play et la critique du droit », publié sous ce titre aux éditions Gallimard. En 1976, le séminaire de Jacques Le Goff à l’EHESS change de nom, abandonnant Histoire et sociologie de l’Occident médiéval au profit d’Anthropologie historique de l’Occident médiéval [12]. André Burguière, Christiane Klapisch-Zuber, Martine Segalen, Françoise Zonabend (dir). L'anthropologie apparut en tant que science, dans le sens actuel du terme, au cours du dernier quart du XIX siècle. Histoire de l'anthropologie I TD 24h Bibliographie. Au XIXe siècle, de nombreux savants s'attaquèrent à ces problèmes. Ils organisèrent donc une nouvelle discipline, l'anthropologie, qui devait transcender les divisions entre les sciences naturelles, les sciences sociales et les sciences humaines, pour explorer les dimensions biologiques, linguistiques, matérielles et symboliques de l'Humanité sous toutes ses formes. L'anthropologie apparut en tant que science, dans le sens actuel du terme, au cours du dernier quart du XIXe siècle. Pourtant, malgré cette évolution rapide constatée dans les années 1980, l’histoire culturelle finit par prendre le dessus (voir son article), défendue par des historiens de la période contemporaine, tels que Pascal Ory. Si l'histoire de leur discipline est importante pour les anthropologues eux-mêmes parce qu'ils y puisent leur documentation, leurs références et leurs modèles - tout ce qui soude une communauté scientifique au-delà des querelles et des controverses -, elle peut également permettre à un plus large public de comprendre la lente reconnaissance scientifique de l'ethnographie, pratiquée depuis l'Antiquité, mais dépendante des contextes dans lesquels se produisaient … C'est sous l'impulsion de Braudel et Le Goff qu'elle s'autonomise en 1975 pour devenir l’École des Hautes Études en sciences sociales (EHESS)[10]. Cela dit, l'approche biologique, médicale et naturaliste, est toujours active de nos jours, à travers l'anthropologie physique ou anthropobiologie, la génétique des populations, ou plus récemment les sciences cognitives, notamment en France ou aux États-Unis. Cette histoire influencée par le synchronisme structural de l'anthropologie s'inscrit résolument dans la longue durée (notion de Fernand Braudel), rejetant l'histoire événementielle qui prédominait jusqu'au début du XXe siècle. La découverte de nouvelles terres par les Européens marque une floraison d'écrits que l'on peut classer comme anthropologiques, bien qu'encore teintés de multiples préjugés moraux et religieux. Reprenant en histoire l'approche des sociétés primitives par l'ethnologie et l'anthropologie, notamment pour le Moyen Âge, l'anthropologie historique est caractérisée par sa pluridisciplinarité ainsi que par son intérêt pour les formes de la vie quotidienne, les habitudes et certains phénomènes culturels (parenté, famille, enfance, alimentation, rituels, musique, costumes, etc.). Notons notamment les ouvrages pionniers de Jacques Le Goff (L’Imaginaire médiéval, 1984) et Michel Pastoureaux (Une histoire symbolique du Moyen Age occidental, 2004). Autour des années 1950, Claude Lévi-Strauss, œuvrant au profit de l’anthropologie sociale, condamne l’histoire à l’observation empirique et aux manifestations conscientes. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle est apparu le diffusionnisme, qui « retrouve des reflets ou des rapports, des connexions »[17], avec en particulier Friedrich Ratzel, Leo Frobenius et Robert Fritz Graebner, puis, dans la première moitié du XXe siècle, le fonctionnalisme qui « veut repérer des rouages en mouvement, intimement associés au dynamisme global de la mécanique sociale solidaire »[17] : Bronislaw Malinowski, Alfred Reginald Radcliffe-Brown... Dans la seconde moitié du XXe siècle se sont développés notamment le culturalisme avec Ruth Benedict et Margaret Mead, le structuralisme qui « cherche à dégager les modèles, les schèmes inconscients, qui font des institutions et des mœurs un ensemble signifiant »[17] et dont la figure de proue était Claude Lévi-Strauss, ainsi que l'anthropologie marxiste avec Claude Meillassoux. Il a publié en 1755 son célèbre Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Par conséquent, ils négligèrent l'étude de ces sociétés en marge de la modernité. L'anthropologie historique est, avec l'histoire des mentalités, l'une des principales dimensions de la « Nouvelle Histoire », moment historiographique de la fin des années 1960 rattaché à la troisième génération de l’École des Annales. Histoire et anthropologie, objets d'une vive concurrence institutionnelle dans les années 1950 et 1960 pour la prééminence parmi les sciences sociales, semblent alors se réconcilier et travailler de concert au profit d'une nouvelle conception de l'homme en société. Pour cette raison, il est considéré comme l'un des premiers auteurs traitant du sujet de l'altérité. Cette dernière contribution attira l’attention des ethnologues sociaux qui, de sir John Myres à A. R. Radcliffe-Brown, le proclamèrent un des pionniers dans cette discipline. De plus, les lieux les plus évidents où étudier la modernité, et les plus pratiques pour tester l'application de nouvelles méthodes scientifiques de recherche quantitative, étaient au sein même de la société des sociologues, au cœur du système mondialisé en pleine émergence. Il fait paraître en 1724 Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps, où il tente, en les mettant en parallèle avec celles des sociétés de l’Antiquité, de démontrer que les mœurs des Iroquois ne sont pas aberrantes. Ils s’inspirent ainsi tous deux de certains domaines de l'ethnologie (rites et mythes, pratiques et perceptions symboliques) en les appliquant au passé.